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28 février 2010 7 28 /02 /février /2010 20:20

    La tempête ne nous laisse finalement repartir que le mercredi, soit deux jours plus tard, et c’est un véritable soulagement pour moi de reprendre la route. Nous avons cependant profité de ce temps mort pour beaucoup nous entraîner dans la salle de sport du village. Plusieurs endroits sont inondés, ce qui ne facilite pas notre progression, et une très légère pluie continue de tomber. Mais me rapprocher à nouveau de mon objectif place mon moral au plus haut.

    Lors d’une pause en début d’après-midi, nous décidons d’aller chercher de la nourriture chacun de notre côté pour ensuite manger. Je me dirige donc vers une villa assez luxueuse pendant que Franck part de l’autre côté de la rue. Une fois pénétré dans la propriété, je cherche directement la cuisine et commence à y fouiller les placards. Alors que je trie les meilleurs vivres, je sens un mouvement derrière moi et je me décale d’instinct sur le côté, juste avant qu’un bras armé d’un grand couteau ne s’abatte dans le vide à la place que j’occupais. Je suis pétrifié une fraction de seconde, mais le bras armé me sort vite de ma torpeur en tentant à nouveau de me lacérer la poitrine. J’esquive par un bond en arrière puis contourne la petite table rectangulaire trônant au milieu de la pièce, plaçant celle-ci entre mon agresseur et moi. C’est seulement maintenant que je regarde son visage et ma stupeur est grande en reconnaissant Franck.

    — Mais qu’est-ce qu’il te prend sale enfoiré ?! crié-je.

    Celui-ci ne me répond rien et commence à contourner la table pour me rejoindre. Je fais moi-même le tour pour rester à distance, observant les alentours afin d’essayer d’y voir une arme potentielle à portée de main. Je ne trouve malheureusement rien. Les couteaux de cuisine doivent être rangés dans des tiroirs et je n’aperçois même pas une poêle ou une casserole. Je m’empare donc d’une chaise et nous continuons de tourner autour de la table. Au bout d’un moment, Franck essaie de passer par-dessus mais je le repousse par de violents coups de chaise. Mon FAMAS est dans mon sac, lui-même dans la voiture, et je m’en veux à mort d’avoir ainsi relâché ma vigilance, sous prétexte que nous ne croisions plus personne depuis des lustres. En tout cas, heureusement que mon traître de compagnon de route ne l’a pas pris et ne possède lui-même pas d’arme à feu, sinon j’aurais été tout simplement abattu dans le dos.

    — T’es vraiment une sous-merde ! lancé-je dans un mélange de rage et d’incompréhension. Tu veux vraiment qu’on s’entre-tue ici ?

    Toujours aucune réponse de sa part. Son visage est crispé et une petite lueur de folie brille dans ses yeux. Finalement, j’en ai marre de faire la ronde autour de la table et je m’arrête, laissant Franck me rejoindre. Je tiens à deux mains ma chaise devant moi, seul rempart contre sa lame. S’ensuit alors un affrontement durant lequel je le maintiens à distance avec les pieds de la chaise, qu’il finit par saisir avec sa main non armée avant de me lancer une attaque latérale avec son couteau vers ma tête. J’esquive en m’abaissant, le repousse par un coup de pied frontal et lui balance dans la foulée la chaise en pleine tête. Il l’a prise sur le front mais ne semble même pas sonné, et fonce de nouveau sur moi alors que je n’ai plus de bouclier. Je bloque son attaque en saisissant son bras mais la lame entaille mon avant-bras gauche. Je maintiens pourtant toujours le membre armé et contre-attaque par un coup de poing au menton, puis au plexus, pour finir par un puissant coup de genou dans les valseuses. Franck s’écroule en arrière alors que je tiens toujours son bras. Je récupère son couteau de chasse et constate que mon bras saigne abondamment. Mon ennemi est au sol sur le carrelage blanc, KO mais pas inconscient, et je me mets à califourchon sur lui, posant la lame sur sa gorge.

    — Alors, t’es prêt à crever ducon ? demandé-je avec un rictus de haine.

    Voyant qu’il reste muet, je reprends.

    — Tu vas me dire pourquoi t’as fait ça, parce que sinon je vais te faire beaucoup souffrir avant de te saigner définitivement. Car ne te fais pas d’illusion, c’est ici que tu vas crever, alors à toi de choisir si ce sera avec ou sans torture.

    Ma victime paraît très effrayée, déglutissant avec peine sous la lame du couteau, puis finit par dire :

    — Je voulais simplement éliminer un adversaire plus fort que moi. Le Grand Tournoi n’est pas un jeu d’amitié, c’est une affaire de survie. Et tous les coups sont permis. Alors laisser en vie quelqu’un de meilleur que soi en combat, avec le risque de tomber bientôt contre lui dans les prochains Tours, serait une aberration. Si t’as pas compris ça, c’est que t’es complètement à côté de la plaque et que tu ne mérites pas d’aller au bout.

    Je reste médusé devant cette froide révélation. Puis je lui tranche la gorge d’un coup sec. Le sang gicle et Franck agonise quelques instants, les yeux exorbités et la bouche grande ouverte. Et c’est à ce moment que je repense à son secret, sa "botte secrète". J’aurais dû lui faire cracher le morceau avant de l’égorger. Sacré gâchis, que je regrette terriblement. Mais c’est trop tard et ma victime est déjà morte.

    Je me focalise alors sur mon bras, qui saigne vraiment beaucoup. La coupure semble assez profonde sur le muscle du dessus de l’avant-bras. Je prends le premier torchon venu que je pose sur la plaie avant de bien la comprimer et d’ainsi limiter l’hémorragie. Je me rends ensuite dans la salle de bain et y trouve du désinfectant que je fais couler à même la blessure en serrant les dents. Il y a également des compresses et des bandes qui me permettent de réaliser un bandage bien serré. A priori, aucun nerf ni aucun vaisseau important n’est touché, mais cette blessure va tout de même m’handicaper pour le prochain Combat, qui n’est que dans deux jours. Mais au final, je m’en suis quand même bien tiré car j’aurais très bien pu y rester. On ne sort pas indemne d’un affrontement contre une arme blanche. Ma chance a été que comme presque tout le monde dans ce cas-là, Franck n’a plus pensé qu’au couteau qu’il tenait durant l’affrontement, oubliant pour le coup qu’il possédait un autre bras et deux jambes…

    Après m’être enfilé deux cachetons pour la douleur, je sors de la propriété, et sur le chemin qui mène à la jeep, j’imagine très bien ce salopard faire semblant d’aller chercher de la bouffe à l’opposé de moi puis faire demi-tour dès que j’ai disparu dans la villa, afin de me surprendre en fourbe dans la cuisine. Il devait préparer son coup depuis un moment en attendant la bonne occasion. Sacrée pourriture. Je reprends la route et roule sans arrêt jusqu’à la tombée de la nuit. J’avance également à petite allure toute la journée du Jeudi, dépassant Paris par l’ouest avant de m’arrêter pour la nuit.

 

    Nous sommes le Vendredi 2 Mars 2013. Il ne me reste plus que quelques kilomètres avant de rejoindre Rouen, que je parcourrai dans l’après-midi. Mais il y a dans l’immédiat plus urgent : se préparer pour le 11ème Tour. Mon bras me fait mal et n’a pas eu le temps de cicatriser, mais en prenant un antidouleur avant et en me motivant à fond, ça ne devrait pas trop me gêner pour combattre. J’ai passé la nuit dans une petite ville qui se trouve le long de la Seine, au bord de laquelle je me promène ce matin afin de me détendre. J’observe l’eau s’écouler inlassablement, et j’imagine qu’après plus de deux mois de cessation des activités humaines, celle-ci doit être devenue beaucoup plus pure, bien moins souillée par la pollution qu’elle ne l’était. Ҫa devrait bientôt regrouiller de poissons là-dedans, mais il n’y aura plus personne pour le voir. À moins qu’après tout, le Grand Organisateur n’ait un plan pour relancer ensuite l’expansion de l’espèce humaine… Car pourquoi permettre la survivance d’un individu ? Le plus fort d’entre tous ? Ҫa me torture le cerveau de ne pas savoir ce qu’il va se passer.

    En tout cas, j’ai vraiment hâte de revoir Salim, car j’ai l’impression qu’il remettra de l’ordre dans ce chaos, qu’il me servira de pilier et m’éclairera dans ces ténèbres. Avoir quelqu’un sur qui compter et qui pourra me diriger. Pourvu qu’il ait survécu.

    Il est temps de s’échauffer et j’attends le moment terrible en solitaire pour la seconde fois. Je me concentre, oublie mon bras, respire à fond. Plus que quelques secondes…

 

    Mon adversaire est plus petit que moi d’environ une demie-tête. Il a le crâne rasé, possède une musculature très sèche et semble extrêmement concentré. Mon bandage a disparu en même temps que mes vêtements, laissant apparaître ma plaie. L’homme s’approche aussitôt de moi, la garde haute. Je l’accueille par un coup d’arrêt dans le genou une fois qu’il arrive à distance, mais il en profite pour me saisir la jambe en se baissant, puis me fait basculer vers l’arrière sans me laisser la moindre chance de me rétablir. Il est en position montée sur moi et m’assène des coups de poings que je bloque tant bien que mal. Ma position sur le dos est très mauvaise et je tente de m’en sortir, mais alors que je repousse mon adversaire, celui-ci saisis mon bras gauche à deux mains et me place une clé terrible dont il est quasiment impossible de se sortir, connue dans les arts martiaux sous le nom de "Juji Gatamé". Mon coude est en hyper-extension et je suis bloqué au sol sur le dos par les deux jambes de mon adversaire. La douleur est insupportable et augmente à mesure que l’homme se cambre, augmentant ainsi la force du levier. C’est une prise de soumission bien connue, sauf qu’il n’y a pas d’arbitre pour arrêter la rencontre… La douleur me rend fou, m’empêche de respirer, et finalement, mon coude se disloque dans un immonde bruit d’os et de cartilage. J’ai une bouffée de chaleur, je grogne, et je suis toujours pris dans la tenaille infernale. Mais mon adversaire, bien qu’en position plus que favorable, ne pourra pas me terminer de la sorte. Il relâche donc sa prise, tente de se remettre sur moi, mais je le repousse de mes deux pieds dans un terrible effort et je parviens à me relever. Mon bras gauche pend lamentablement, m’envoyant d’affreuses vagues de douleur. Je suis pris de vertige et ma vision se trouble par moment. Mon adversaire revient déjà sur moi. J’envoie avec l’énergie du désespoir un large crochet du droit vers son visage. Mon coup est bloqué et je vois arriver un rapide coup de coude vers ma tempe gauche non-protégée.

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commentaires

O
<br /> dites il est ou Salim? Il est mort?<br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> A ce moment-là, le narrateur ne le sait pas, donc nous non plus.<br /> <br /> <br /> Mais il meurre forcément à un moment ou un autre.<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Ou alors la botte secrète de Franck ne sera jamais dévoilé car même l'auteur ne l'a pas imaginé, l'a juste évoqué pour donner un "alibi" à Franck d'être encore en vie malgré sa faible expérience du<br /> combat. C'est souvent dans des romans qu'il y a des choses évoqués dont on ne sais rien au final. Soit parce que ça n'apporte rien soit parce que c'était juste pour habillé l'histoire souvent les<br /> deux même.<br /> <br /> Le rêve ou le coma, j'y est vite pensé au début... et je trouvais ça plutôt pas mal mais comme un jour Eddy à répondu dans un commentaire "a la fin il se réveil et ce rend compte que ce n'était<br /> qu'un rêve"... je pense pas que ce soit quelque chose de similaire ou alors ça serait dommage d'évoquer une hypothèse à des gens qui n'y ont pas pensé et idiot de donné la fin d'un roman en pensant<br /> que les autres vont croire que l'on blaguais.<br /> <br /> Moi je m'attends à quelque chose d'inattendu justement ^^. Enfin on verra bien demain et lundi ce qu'il en est ! En tout cas j'ai suivi ce roman avec passion et j'espère que tu as d'autre projet<br /> après celui-ci =).<br /> <br /> <br /> Bonne continuation !<br /> <br /> <br />
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X
<br /> J'opterai aussi pour la these du reve, ou celle du coma. Avec Nico qui lutterait contre la mort en s'affrontant finalement lui meme.<br /> <br /> On la connaitra a la fin la botte secrete de Franck?<br /> <br /> <br />
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A
<br /> sinon on aura peut-ete une chute innatendu, sapourrait etre marrant :)<br /> <br /> <br />
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A
<br /> je pensais aussi à une arme ingurgitée, sinon, il aurait surement uitilisé sa botte secrète contre nico, eddy, on pourrait avoir une réponse pour la botte secrete stp ??? je crois qu'on meurt tous<br /> d'envie de le savoir :D<br /> <br /> <br />
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E
<br /> <br /> Une chose est sûre, ça n'était pas une arme, car il est impossible d'en emmener dans l'arène, comme les vêtements ou tout autre objet.<br /> <br /> <br /> <br />

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  • : Roman en ligne: Le Grand Tournoi
  • : Je publierai ici mon roman sous forme d'épisodes. Une histoire apocalyptique teintée d'arts martiaux et de philosophie.
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